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Vers une nouvelle conception du Club

 

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VERS UNE NOUVELLE CONCEPTION DU CLUB ?

 

Passé un peu inaperçu lors de sa présentation, le modèle « club » proposé par la FFVoile (schéma club fidélisation) est plus que jamais d’actualité après l’épisode sans précédent que nous avons connu cette année suite à la crise sanitaire. Ce modèle, au lieu d’opposer, réunit les différentes sphères du club. Nous ne connaissions que le « schéma label » qui présentait les différentes composantes du club sur une représentation un peu segmentée, analytique même ; désormais le schéma club fidélisation présente le club comme interface de plusieurs sphères : le club, pour devenir un lieu de vie ouvert et accueillant, doit être une interface et un outil de décloisonnement entre différentes sphères.

Certes la sphère économique, menacée dès le confinement de mars, a connu un rebond extrêmement favorable pendant la période estivale. La sur-fréquentation touristique en Bretagne a profité aux clubs qui ont globalement connu une progression significative puisque certains clubs ont réalisé leurs meilleurs chiffres historiques cet été.
L’équilibre financier est et reste une préoccupation majeure des clubs. Elle s’est traditionnellement reposée sur l’offre de prestations estivales : cours individuels ou collectifs, locations etc. La préoccupation majeure étant de faire une bonne saison et donc de rechercher de nouveaux « produits » susceptibles de d’augmenter les ressources du club. A trop vouloir innover dans « une diversification de l’offre » le club a quelque peu perdu son âme, son identité. Une certaine polarisation sur cette sphère économique nous a un peu amené à négliger les autres sphères du club notamment la sphère sociale. Et la crise sanitaire, confinement, déconfinement, avec son lot de changement dans les habitudes des adhérents nous a en quelque sorte rappelé à l’ordre. Peu à peu on ne parlait plus dans le club que de « produit » d’ « offre » de « client », le chef de base est devenu le directeur (commercial) ; nous nous sommes laissés happés par la langue pauvre du « management ». Résistons, revenons à des concepts forts pour penser les choses, reparlons de stage, d’adhérents, de membres de clubs, de progression technique, de lien social. Et nous avons (nous l’avons un peu oublié) des documents pour nous aider : carte de progression, démarche d’enseignement FFVoile, labels, etc.

Ainsi cet été et cet automne, une nouvelle demande s’est dessinée. L’affluence de population sur le littoral et sur les plans d’eau intérieur a permis de réaliser que l’offre traditionnelle : le stage classique était une valeur sûre et que le public le plébiscitait, pour peu que la qualité soit au rendez-vous. Car l’habillage de la sacro-sainte communication, du marketing, sur les offres et les promesses de sensation de glisse ne suffisent plus.Les pratiques qui se sont développées : engins tractés, scooter des mers etc. apparaissent maintenant comme suspectes, dans le sens de non respectueuses de l’environnement. Le public demande de la qualité qui peut se résumer simplement : Retrouvons des valeurs simples, répondons à la demande: « j’ai envie de faire un stage de voile pour apprendre, je veux avoir le sentiment à l’issue de mon stage d’avoir progressé et de fréquenter un endroit convivial et dans le respect de l’environnement ».

La période que nous avons connue a recentré le public de nos clubs sur la recherche de bien-être et ce schéma club fidélisation est sans conteste bien en adéquation avec la recherche actuelle : un lieu de vie où confort, convivialité, flexibilité et diversité sont de mise. La sphère sociale du club est plus que jamais d’actualité. On cherche une activité de proximité, pour le lien social, pour des pratiques transgénérationnelles, pour favoriser la prise de responsabilité et l’engagement associatif. La sphère récréative s’illustre dans la recherche de bien être, l’envie d’échapper au contexte difficile par le jeu et un retour vers la nature. La sphère compétitive, pour le jeu de la régate, la confrontation, l’envie d’apprendre et de progresser.

Sur notre littoral avec le confinement et suite au confinement nous connaissons une évolution qui semble bien perdurer : Un grand nombre de familles cherchent à fuir les grandes villes et à s’implanter à l’année sur le littoral et l’intérieur des terres. Un nombre croissant de personnes cherchent des activités physiques plutôt tournées vers la nature pour leurs enfants et pour eux. Ces transfuges de grandes métropoles permettent peut-être de penser que le concept d’homme/habitant cher à Maurice Lannou revient au goût du jour. L’homme habitant est un individu ayant des relations avec son territoire au point qu’il le façonne et soit façonné par lui, l’habitant aménage son territoire pour la satisfaction de ses besoins. N’est-on pas en train de nous réapproprier notre lieu de vie d’en refaire un territoire afin de mieux y vivre ?

La demande de loisirs sains tournée vers la nature et le sport prophylactique deviennent des évidences : le sport santé avec ses 3 volets est par exemple une perspective des plus intéressante pour les clubs. Jusqu’à présent les présentations, informations aux clubs lors des réunions de bassin du CDV56 sont un peu restées sans suite. Peu de clubs se sont référencés comme club accueillant du sport santé auprès des maisons sport santé…Et pourtant cette activité ne constitue-t-elle pas le socle de notre pratique loisir à l’année ?

La pratique régulière d’activité physique en pleine nature est une réalité, elle débouche inéluctablement sur la recherche de progrès. En effet si nous avions tendance à opposer le pratiquant loisir à l’année au fondu de la régate, cette vision caricaturale de la demande des adhérents du clubs doit être revisitée. Il y a des adhérents qui cherchent une activité physique régulière pour un effet santé, bien être, épanouissement, ceci avec en toile de fond une notion qui doit être le principe de base de l’action des clubs : la progression. Les adhérents veulent apprendre, veulent progresser et fréquenter un endroit convivial dans le respect de l’environnement.

C’est pourquoi il faut cesser cette opposition entre des adeptes de loisir qui n’aimerait pas la compétition et des acharnés des classements qui ne vivraient que pour la compétition. Il y a des adhérents en recherche d’une activité épanouissante. Le progrès technique est central et partie intégrante de la progression : « si mon parcours au sein du club n’évolue pas, j’arrête ma pratique ». Le parcours au sein du club est et doit être évolutif : loisir avec une assurance de progression. Les objectifs de maitrise technique doivent être au centre des préoccupations du club. Une réflexion dans l’accompagnement des pratiques compétitives doit également être menée. « Les adhérents ne sont plus intéressés par la régate » entend-on souvent, « nous avons beaucoup de demande en loisir mais pas en régate ». Faux ! C’est une interprétation car on ne se pose pas la question de ce que l’on propose réellement, concrètement, en matière d’accompagnement de pratique compétitive. Y a-t-il un programme annuel incluant calendrier des régates, stages, entrainements, organisation logistique déplacement humain, matériel ? Ce programme est-il affiché dans le club ? y -a-t- il une réunion des adhérents sur ce thème ? Avant de traverser la Bretagne avec remorques et bateaux pour participer à des régates, organise-t-on des régates de club sans déplacement avec bateaux collectifs ? A-t-on une vision de progressivité dans l’accès à la pratique sportive compétitive ? Jouer dans le club lors de régate de club, puis jouer au niveau départemental, apprendre petit à petit, apprendre à gréer, dégréer, charger une remorque, amarrer, conduire une remorque. Ces choses font -elles partie d’une progression mise en place par le club ?.
On se rend compte par ailleurs que les demandes d’adhésion aux structures d’entraînement type CED et CLÉ explosent. Il y a de plus en plus de demande, notamment pour des organisations où la pratique compétitive est prise dans son ensemble : de la location d’un bateau, au programme entrainement suivi régate stages et transport du matériel. Ces prestations « tout compris » font de plus en plus d’émules. Est-on prêt à relever ce défi dans les clubs ?

Les ports ont connu cet été une affluence et une activité en nette progression, une autre demande a été très forte : l’accompagnement plaisance. Beaucoup de demandes de plaisanciers qui veulent apprendre. Le schéma club fidélisation et la mise en place des coachs plaisance par la FFVoile répond à ces demandes mais celles-ci sont importantes et très diverses et constituent une opportunité conséquente pour les clubs.

Ainsi les clubs ont vu les demandes d’adhésion à l’année sensiblement progresser en ce début d’automne. Mais les clubs sont-ils prêts à répondre à la demande ?

Ce que nous appelons « loisir à l’année » dans le cadre du club est-il suffisamment construit, organisé encadré pour répondre aux attentes ?

L’école de sport ou le club compétition répond-il à la demande actuelle ?

Nous vous encourageons à mener cette réflexion et sommes disponibles pour en discuter.

 

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